Piano sorti d’atelier en 1810. Jean-Guillaume Freudenthaler (1761-1824) était l’un des facteurs les plus réputés en son temps, et beaucoup de ses instruments sont parvenus jusqu’à nous. Ce carré, bicordes, est clairement dans le style des Erard de l’époque. Il était originellement doté de 4 pédales, aujourd’hui disparues, pour certaines avec une partie de leur mécanisme. L’instrument ne présentait (heureusement) que de maigres traces de restauration. François-Adrien Boieldieu possédait un Freudenthaler tricordes de 1815.
Restauration courant d’avril à juillet 2024.
Vue générale de l'instrument en l'état.
Signature et date de table. La table ne présente pas la moindre fente.
Ce numéro, derrière le sommier de chevilles, est probablement un numéro d'atelier ou de série.
Les mécanismes de transmission en dessous, qui indiquent la présence passée de 4 pédales.
Les étouffoirs ont été regarnis.
L'origine de cette numérotation est incertaine. Le style est ancien, mais on se demande pourquoi ce retour au début en plein milieu du clavier.
Vue d'en dessous des étouffoirs.
Des détritus très anciens, mais pas de trésor.
À l'emplacement où elle se trouvait, on aurait attendu un diamètre de 0.40 mm. Avec la rouille, elle affichait 0.47 ! De quoi mal juger l'instrument sur l'authenticité de son cordage. Une fois nettoyée, elle fait exactement 0.40. Toujours dérouiller avant de mesurer.
Comparaison du cuir original de la barre des marteaux avec du cuir de chèvre
Comparaison du cuir original de la barre des marteaux avec du cuir d'agneau
Traces d'usure sur la barre de luth. Preuve que même en 1810 et après, ce jeu servait plus souvent qu'on ne l'utilise nous même sur ces instruments.
Fabrication des nouvelles pédales. Basées sur le schéma d'un Erard 1817 (publié par A.Moysan) et des estimations de celui de Boeldieu à Paris. Oui, c'est du chêne : je n'avais pas d'acajou de cuba massif. Le chêne tiendra très bien, et une fois teinté, c'est loin d'être ce que l'on regarde le plus... On veut qu'elles fonctionnent !
Coup de chance : le technicien n'a pas changé les garnitures les plus inaccessibles. En haut, le repos des faux marteaux des dernières notes. Il n'y a plus rien, mais la colle a gardé des traces de tissus. En bas, un morceau du tissus noir sous les autres faux marteaux de la mécanique. Une inconnue en moins, précieuse pour retrouver la géométrie d'origine de la mécanique !
Et voici des fragments de poils restés en place autour d'un guide de marteau. Vestige bicentenaire d'un tissu complètement disparu aujourd'hui, il nous indique une épaisseur, certes approximative, de 2mm pour la garniture de repos des marteaux.
Ce qu'il reste de feutre sur la barre des faux marteaux